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Coronavirus : présentation de trois techniciennes d'intervention en loisir aux premières lignes.

Qui aurait cru qu’un jour, des travailleurs en loisir seraient au front dans un contexte de pandémie? Pas moi! Les 8, 9 et 16 avril derniers, j’ai interviewé trois techniciennes en loisir de milieux différents et toutes me confirment que leur quotidien change constamment.

Avant de plonger dans le vif du sujet, qui est celui de vous offrir le récit de ce qui se passe aux premières lignes d'intervention dans ces trois milieux, j’ai demandé à mes invitées de me dresser un portrait de leur milieu de travail « en temps normal » afin que vous compreniez mieux les transformations qui se sont effectuées en raison de la crise sanitaire. Premier texte d’une série de cinq.


Eliane Vaudry-Houle


Eliane Vaudry-Houle est technicienne en loisir à l’Hôpital Jean-Talon, à Montréal. Ce centre hospitalier a quelques fois fait la manchette pour des éclosions de cas de coronavirus, mais cela n’a pas touché l’étage où elle exerce son métier.


« Je travaille dans une unité de psychiatrie qui est fermée, dans le sens que ça prend des cartes d’accès à puce et que les patients restent à l’intérieur », me raconte Eliane. « Oui, certains ont droit à des sorties, mais généralement, les patients restent à l’intérieur. C’est une unité de 32 lits. La clientèle est des adultes qui souffrent de troubles de santé mentale. » Ils sont autonomes pour les tâches de la vie quotidienne et ne souffrent pas de limitations cognitives ou physiques pour participer à des activités de loisir.


Les patients restent pour des périodes de temps variables. Certains restent 5 jours, d’autres restent plusieurs mois. Il y a un bon roulement tout en ayant une certaine constance.


Eliane utilise deux locaux pour ses activités : « Le premier est une cafétéria que j’utilise davantage pour des activités avec de la nourriture, notamment le cinéma, car il y a aussi une télévision et on peut servir des collations. Il y a aussi le karaoké à cet endroit. L’autre salle est plus polyvalente. J’y fais des jeux de société, des jeux sur papier (sudokus, mots cachés, etc.), des ''mandalas'', des cafés-discussion et des tournois (jeux de poches et ping-pong). Il y a un lavabo dans cette salle, donc c’est pratique pour faire des activités artistiques, comme la peinture, la confection de bijoux ou la création de cartes (Saint-Valentin, fête des Mères, Noël). »


Elle organise aussi des fêtes spéciales, mais « Pâques a dû être annulée » en raison des circonstances, alors que les préparatifs étaient bien avancés… Judith Bérard


Judith Bérard est technicienne en loisir dans une résidence pour personnes âgées autonomes comptant près de 915 résidents au total dans les 5 immeubles des Habitations Bordeleau, situées dans un petit périmètre de St-Charles-Borromée dans Lanaudière. Au moment d’écrire ces lignes, un seul cas de la COVID-19 a été répertorié dans cette résidence, et Judith me raconte que les employés et les gestionnaires font tout pour que ça reste ainsi. Elle fait partie d’une petite équipe dévouée aux loisirs. Judith s’occupe des activités pour les aînés autonomes.


En temps normal, les résidents font ce qu’ils veulent, n’importe quand. Ce n’est pas comme un CHSLD, ils sont libres de se déplacer et d’aller où ils veulent. « S’ils veulent partir entre amis pour aller visiter la ville de Québec, par exemple, ils peuvent avoir cette initiative sans problème ». C’est toutefois apprécié de le mentionner aux responsables de la résidence afin qu’il n’y ait aucune inquiétude quant à leur absence.


Judith collabore à l’organisation ou l’animation de nombreuses activités, telles que le bingo, divers jeux (de société, de cartes et de poches), des cours sur différents sujets, ainsi que du chant et de la danse à l’unisson en collaboration avec des musiciens. Il y a aussi des soupers thématiques une fois par mois. « C’est comme un restaurant qui se crée à même la bâtisse. Les résidents s’inscrivent et ont un repas 4 services, avec un petit verre à leur arrivée. Souvent, je vais me déguiser pour être dans la thématique. »


Aussi, une activité spéciale, et bien appréciée des résidents, c’est la visite de boutiques de l’extérieur. Des entreprises apportent leur marchandise (vêtements, souliers, bijoux, etc.) à la résidence et les personnes peuvent magasiner sans sortir de la maison. Plusieurs salles communes sont accessibles pour des activités de loisir. De plus, les résidents ont accès à des salles diverses : gymnase, quilles, billard et bibliothèque. Ce sont de superbes installations qui sont malheureusement fermées en ce moment, les résidents étant confinés à leur logement…

Meriem Cherouati


Meriem Cherouati est technicienne en loisir au CHSLD de LaSalle. Ce centre de soins de longue durée fait partie des établissements mis sous surveillance par le gouvernement. Il a fait les manchettes pour son nombre élevé de cas ainsi que ses problématiques de gestion et de manque de personnel.

Cette résidence accueille 200 personnes, dont 166 vivent là en permanence (les 34 autres y sont temporairement pour des soins de réadaptation). Ce sont des personnes âgées vulnérables qui sont en perte d’autonomie, mais « plusieurs sont capables de se déplacer avec leur chaise ou leur marchette », me rapporte Meriem.


Pour les loisirs, « on n’a pas de salle d’activité en tant que telle, mais on a une grande salle à manger » qui peut être aménagée selon les besoins. Pour ce qui est des activités, « les gens ici sont très routiniers ». La zoothérapie, le casino, la messe et le bingo font partie des traditions indélogeables.


Meriem travaille en collaboration avec une responsable des bénévoles : « Sa responsabilité, c’est d’engager et de filtrer les bénévoles. Après, c’est à moi de les placer selon les différents besoins et disponibilités des bénévoles. Ils sont très fidèles, plusieurs sont là depuis une trentaine d’années. Ils ont souvent un membre de la famille dans le centre ou ont déjà travaillé ici. » Les bénévoles animent des activités, comme le casino, ou sont mandatés pour aller voir des résidents, simplement pour leur jaser et voir comment la vie va.


Meriem organise aussi « la fête du mois » pour célébrer l’anniversaire des résidents du mois en cours. Un musicien est invité pour égayer les cœurs, ainsi que pour plusieurs fêtes spéciales, comme la Saint-Valentin ou la Saint-Patrick. Elle a dû annuler les prestations de ces musiciens jusqu’à la fête du Canada pour le moment…


Dans le prochain texte, je vous amène au CHSLD de LaSalle avec la technicienne en loisir, Meriem Cherouati. Elle ne s’habitue pas à la souffrance et à la mort, mais pourtant, elle parvient à garder le sourire.


Lire le texte de Eliane Vaudry-Houle


Sébastien Tremblay



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